Volcan bouclier de 3069 m d'altitude le Piton des Neiges a donné naissance
aux 3 cirques de Cilaos Mafate et Salazie. Cette dernière dépression
semi-circulaire entourée de montagnes aux parois abruptes, est la plus
facile d'accès mais l'hostilité du milieu explique sa colonisation
tardive. Seuls avant 1831, date de la découverte des sources thermales
au lieu dit Be Maho, les esclaves marrons osaient s'y aventurer pour y trouver
refuge.
Rapidement, un village construit sur un plan géométrique qui prend
le nom de Hell-Bourg en l'honneur du gouverneur de Hell, promoteur des sources,
s'y développe.
Il offre encore aujourd'hui la vision d'une architecture coloniale de villégiature
où les coquettes villas témoignent du faste de cette ancienne
station balnéaire.
En effet, pendant un siècle Hell-Bourg sera la station thermale la plus
réputée de l'Océan Indien où la bourgeoisie locale
monte dans ses résidences de " changement d'air " pour y "
prendre les eaux " durant l'été austral, se reposer et jouir
des rituels mondains qui s'y organisent.
Si, de part son histoire particulière, Hell-Bourg est un village singulier
on y retrouve toutes les caractéristiques des maisons réunionnaises,
c'est-à-dire un ensemble de références culturelles communes
à toutes les catégories sociales de l'île comme à
tous les groupes ethniques.
La principale caractéristique de la case créole tient beaucoup
plus de son organisation spatiale, quasiment constante, qu'au choix du principal
matériau de construction et de sa mise en uvre, le bois, facilement
remplaçable et qui était présent en abondance sur l'île.
La parcelle est complètement occupée. La clôture qui enserre
toute la surface est une marque d'appropriation plus symbolique que défensive.
Entre le barreau et la maison, un jardin d'agrément, soigneusement aménagé,
accueille le visiteur. C'est un lieu de représent-ation. Il donne accès
à la varangue, véranda ouverte sur le jardin de devant, lieu de
transition entre l'espace public et l'espace privé.
La varangue est un élément caractéristique et essentiel
de la case créole. Elle est le lieu le plus soigné, dans son décor
extérieur, très coloré, à motifs de lambrequins,
de pilastres, ou floraux, comme dans son décor intérieur, meublé
plus précieusement que n'importe quelle autre pièce de la maison.
Le logis, bâtiment principal presque toujours de plain-pied, s'organise,
souvent symétriquement, autour de cette varangue.
Evidemment, si ces caractéristiques se retrouvent presque systématiquement
dans toutes les cases de Hell-Bourg, quelle que soit l'importance du propriétaire
constructeur, sa classe sociale ou l'ethnie dont il est issu, les dimensions
du jardin ou des différents corps de bâtiment et la richesse des
aménagements varient beaucoup suivant sa fortune et son rang.
C'est parce que ce village a encore conservé tout son attrait malgré l'ensevelissement des sources thermales en 1848 qu'avec le soutien de l'Union Européenne, l'Etat et la Région Réunion ont conjointement mis en place une mesure de soutien à la restauration du patrimoine architectural non protégé au titre des monuments historiques.
Cette mesure, effective depuis 1995 dans le plan de développement régional
94-99 ( dans le cadre de l'initiative communautaire Regis II ), visait à
restaurer et à valoriser des ensembles architecturaux de qualité
s'inscrivant dans une logique de structuration de " villages de caractère
" ainsi qu'à renforcer les potentialités de l'île en
matière de tourisme culturel. L'objectif était de réhabiliter
environ trente " cases " traditionnelles.
Le bilan a largement dépassé toutes les espérances puisque
ce sont 86 bâtiments qui ont bénéficié de cette mesure
dont 26 sur le seul site d'Hell-Bourg qui a reçu en 1999, grâce
à cette politique, le label " Plus beaux villages de France "
L'aide accordée est une subvention en capital au propriétaire,
plafonnée à 50% du montant hors taxes des travaux extérieurs
éligibles (30% FEDER et 20% Etat ou Région) et limitée
à 300 000 francs.
De 1955 à 1999 le montant des travaux réalisés sur Hell Bourg est de 8 850 355,52 F., pour une part FEDER de 2 199 298,30F., une participation de l'Etat de 689 974 F. et une participation régionale de 776 227 F.
Le bilan quantitatif comme qualitatif du PDR II ayant été très
satisfaisant eu égard aux prévisions initiales et la mesure ayant
connu un vif succès tant auprès de la population, que touristes
que des artisans locaux qui ont su montrer la vivacité des savoir-faire
traditionnels liés à la construction, la mesure a été
reconduite dans l'actuel plan de développement régional et sera
étendue à de nouveaux sites.